La cuisine marocaine est l’une des plus sensuelles au monde; elle
sollicite nos sens l’odorat, la vue et le goût – d’une manière à nulle
autre pareille. Les plats cuisinés ne sont pas les seuls à jouir de ce
pouvoir de séduction – nombre des ingrédients utilisés possèdent leur
magie propre. Les souks sont des lieux fascinants, riches de fragrances,
de couleurs et de sons évocateurs : l’argent étincelant du poisson
frais, les coloris éclatants des monticules de légumes, les teintes
chaleureuses des épices… À chaque coin de ruelle, des bouffées d’arômes
alléchants dont celui du pain chaud, la senteur voluptueuse du safran,
le parfum doux et entêtant de l’eau de rose et les odeurs contrastées de
la menthe fraîche et de la viande grillée au feu de bois nous
surprennent et nous régalent. Ces effluves sont l’essence même de la
cuisine marocaine.
Les pays voisins, l’Algérie et la Tunisie, offrent des
caractéristiques comparables, mais chacun présente un style personnel
aisément identifiable. Tandis que la gastronomie marocaine exhale de
riches senteurs, les mets algériens sont moins épicés; les Tunisiens,
quant à eux, font un usage généreux du piment et se distinguent par leur
cuisine fortement relevée. Les contrées d’Afrique du Nord présentent
des thèmes communs dans le domaine culinaire : tajines mijotés à petit
feu, agneau, poulet, poisson et légumes grillés à la braise, pâtisseries
riches et sucrées.
La cuisine d’Afrique du Nord est faite de contrastes nés de la
diversité des paysages et des modes de vie qui existe entre les tribus
nomades et les habitants des villes. Elle propose aussi bien des ragoûts
cuits à petit feu, de la viande et des légumes grillés au feu de bois
que des tourtes sophistiquées. Tous ces mets se côtoient avec bonheur
pour composer un tableau des plus appétissants.
L’hospitalité marocaine est légendaire. La coutume veut que l’on offre à
ses hôtes une abondance de victuailles. Les tables accueillent une
profusion de plats, empilés les uns sur les autres, destinés à sustenter
la famille, les amis et toute personne qui vient à passer ainsi que les
femmes, les enfants et les aides de cuisine. Les Marocains, dotés d’un
appetit féroce, mangent jusqu’à satiété complète, un état appelé shaban;
un Marocain qui se respecte ne quitte pas la table en éprouvant une
sensation de faim comme, parait-il convient de le faire dans la bonne
société occidentale.
Il y a dans la cuisine marocaine quelque chose qui répond à cette
question essentielle : “Qu’est-ce que le goût ?” D’abord une affaire de
vue (on regarde un plat), puis d’odorat (on le sent) et de toucher (on
pique avec sa fourchette, on tourne ou retourne le produit dans
l’assiette). Enfin, on déguste. On distingue le croustillant du
moelleux, l’amer du sucré, la réglisse du salé… Jouant sur des produits
colorés, savoureux, mariant les textures, la cuisine marocaine s’impose
d’abord comme une invitation aux sens. Nul hasard alors si l’hospitalité
marocaine correspond à cette cuisine sensuelle, abondante, généreuse.
C’est que du côté de cette Afrique du Nord, plus qu’ailleurs, manger est
une affaire sérieuse ! En témoigne cet ouvrage, pratique et
pédagogique, où les plats et les produits ont la part belle, où les
photographies en couleurs se suivent de plans rapprochés en détails, sur
un plat de semoule, des bricks, un rouget aux amandes, une brochette de
crevettes, une tagine d’agneau aux dattes, une salade d’orange aux
olives, des cornes de gazelle… Pas moins d’une centaine de recettes sont
proposées là, de soupes en entrées, de poissons en fruits de mer, de
viandes en volaille, des légumes aux salades, des pâtisseries aux thés.
Des recettes de tradition nord-africaine mais faciles à réaliser : en
effet, on trouvera tous les produits nécessaires sur les marchés u en
grandes surfaces. Ce qui demeure tout de même le B.A.-ba de la cuisine
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